En France, les violences faites aux femmes demeurent une préoccupation criante, révélant une réalité alarmante au sein de notre société contemporaine. Les statistiques les plus récentes peignent un tableau préoccupant, indiquant qu'environ une femme sur dix a été confrontée à des violences physiques ou sexuelles de la part d'un partenaire au cours de sa vie. Ces chiffres, bien que souvent dissimulés dans l'ombre de la stigmatisation et du silence, mettent en lumière l'étendue insidieuse de ce fléau.
Le cercle des violences conjugales en France n'est pas circonscrit à une classe sociale, à un niveau d'éducation ou à une région spécifique. Il traverse toutes les strates de la société, soulignant que personne n'est à l'abri de ces agissements dévastateurs. Les violences se manifestent sous différentes formes, qu'elles soient physiques, sexuelles, psychologiques administratives ou économiques, créant ainsi un spectre complexe de traumatismes.
Ce cercle vicieux des violences conjugales comprend des phases insidieuses, du brouillard tendu de la tension à l'explosion dévastatrice, pour ensuite laisser place à des justifications puis une lune de miel éphémère. Cette phase d'accalmie apparente peut masquer la réalité des abus, créant une illusion de normalité qui entrave la prise de conscience et l'accès à l'aide.
Le combat contre les violences faites aux femmes nécessite une sensibilisation accrue, une éducation généralisée, et une remise en question profonde des stéréotypes de genre préjudiciables qui persistent dans notre société. Il est impératif de rompre avec le silence et d'œuvrer collectivement pour créer un environnement où les femmes ne vivent plus dans la peur, mais plutôt dans la certitude de leur droit à une vie exempte de violences et de maltraitances. L'enjeu est immense, mais il est temps d'affronter cette réalité, de soutenir les survivantes, et de bâtir un avenir où chaque femme puisse vivre en toute sécurité et dignité.
LE TEMOIGNAGE
Cette femme nous dévoile, avec une sincérité brute et sans détours, l'enfer qu'elle a traversé et comment elle a réussi à se libérer des violences de son ex-conjoint. Son témoignage, marqué par la volonté de briser le silence, incarne la nécessité impérieuse de donner une voix aux survivantes, de dénoncer l'inacceptable, et d'inspirer un changement profond dans notre société. En écoutant ces femmes, nous contribuons à déconstruire les mythes qui entourent les violences conjugales et à construire un monde où la compassion, l'empathie et le soutien prévalent sur la cruauté et l'indifférence.
Jeune femme dynamique et sportive, je me suis inscrite dans des clubs de sport et de rencontres amicales dans ma ville. C'est l'occasion pour moi de rencontrer du monde et de partager ma passion pour la montagne, la nature et le sport. J'ai participé à de nombreuses sorties et ai rencontré un homme à deux reprises. Il m'avait demandé en ami sur les réseaux sociaux, et des mois sont passés.
Je suis partie en stage de course à pied à Chamonix et ai publié de magnifiques photos de paysages sur mes réseaux sociaux. Cet homme est venu me parler de ces photos, et la conversation a continué. De retour dans ma ville, il m'a proposé de partir en randonnée, et les sorties sportives ont continué. Il était adorable avec moi, attentionné, partageait les mêmes passions que moi pour la course à pied en montagne et la nature. Nous avons même participé à plusieurs compétitions de course à pied ensemble. Il venait régulièrement à mon travail m'offrir des fleurs pendant ma pause déjeuner. C'était l'homme parfait, comme on peut le voir dans les films.
Cependant, il a commencé à montrer quelques signes de jalousie. Je suis restée méfiante, mais je ne me suis pas inquiétée. Après quatre mois de relation, lors d'une course, il a cassé son téléphone, et je lui ai proposé de lui prêter mon ancien téléphone que je venais de changer. C'est là que tout a basculé. Il a trouvé dans les téléchargements de Messenger une photo de mon ex datant de quatre ans auparavant (je ne savais même pas qu'elle était encore stockée). Il est parvenu à prendre le contrôle de mes réseaux sociaux.
Pendant une semaine, il m'insultait de traînée et de salope. Puis, après, il s'excusait et me prenait dans ses bras. Le week-end suivant, nous sommes sortis dans un bar dansant avec des amis. Il m'a accusé d'avoir regardé un homme danser et m'a insulté devant tout le monde. Nous sommes rentrés chez lui récupérer mes affaires. Sur la route, il me donnait de grosses claques sur les cuisses et m'insultait. Arrivés chez lui, il a explosé mes affaires et m'a violemment fait tomber au sol. Ma tête a tapé à 1 cm de ses haltères. J'ai voulu fuir, mais il m'a retenu en pleurant et a mis en scène une manipulation mentale. Très choquée et tétanisée, j'étais incapable de savoir comment réagir et quoi faire.
Le lendemain, avant de rentrer chez moi, il m'a demandé de détruire le téléphone maintenant, car il restait des souvenirs de ma famille que je voulais récupérer. J'ai refusé, et il s'est mis dans une colère incroyable. J'ai vu son regard empli de haine. La peur m'a fait réagir. J'ai saisi mes deux téléphones et ai envoyé un SOS à mes amis avec ma position. Il a refusé de me laisser sortir et m'a bloqué le passage. Impossible de sortir de chez lui. Mes amis ont pratiquement fracassé sa porte pour que je sorte. Il nous a poursuivis dans la rue, et l'un de mes amis l'a frappé. Cela a dégénéré en bagarre dans la rue devant tout le monde. J'ai logé plusieurs jours chez une amie, et un de mes voisins m'a appelé en disant qu'il était rentré par effraction dans ma copropriété, mais des voisins l'avaient intercepté avant qu'il n'accède à mon appartement.
Ensuite, il a payé des plateformes pirates pour essayer de me contacter sur mon téléphone, car je l'avais bloqué de partout. Des semaines de harcèlement ont suivi, et cela a été très éprouvant pour moi. Je n'ai pas décidé de porter plainte, car j'avais peur que cela se retourne contre mes amis qui l'avaient frappé (il y avait des témoins, mais pas pour moi). Surtout, je ne supportais pas l'idée qu'on puisse dire que ce que je disais était un mensonge. Maintenant, je me suis reconstruite avec l'aide de mes amies qui m'ont apporté beaucoup de soutien.
LE CYCLE DE LA VIOLENCE
Sur le schéma explicatif ci-dessous du site "ecouteviolencesconjugales.be", tu trouveras le point de vue de la victime et de l’agresseur pour chacune des 4 phases du cycle. La victime est représentée par la couleur verte, l’agresseur par la couleur rouge.
1re étape: LA TENSION
Il cherche à prendre le contrôle. Il met en place des stratégies qui te font craindre pour la suite. Tu ressens un inconfort, du stress, de la peur. Un changement d’humeur ou de comportement de ton partenaire te fait redouter un épisode de violence.
2e étape: L’AGRESSION
Il prend le contrôle. Le partenaire t’expose à des paroles ou à des gestes violents. Ces actions peuvent prendre cinq formes : elles peuvent être verbales, psychologiques, physiques, sexuelles, économiques.
3e étape: LA JUSTIFICATION
Ton partenaire essaie de te regagner, de te garder auprès de lui. Pour cela, il se justifie. Il peut te faire porter la faute ou parfois attribuer le problème sur une cause extérieure. Il est très rare qu’il prenne sa part de responsabilité et qu’il reconnaisse ses torts. Tu doutes de tes perceptions.
4e étape: LA RÉCONCILIATION
Il te regagne. Il peut redevenir gentil, chercher à te faire plaisir. Tu le retrouves comme aux premiers jours et en viens à croire qu’il peut changer. Tu as de l’espoir que tout s’arrange et qu’il ne recommence plus. En somme, les deux premières phases (la tension et l’agression) permettent au partenaire de prendre le contrôle sur toi, et les deux dernières (la justification et la lune de miel) lui permettent de le garder. Avec le temps, quand la violence s’est bien installée, il est fréquent que la personne violente dans le couple ne prenne même plus la peine de se justifier ou d’essayer de te reconquérir.
VOICI LES AIDES
- Numéros d'urgence :
1. Police Secours (17) :En cas d'urgence et de danger immédiat, compose le 17 pour contacter la police.
2. Violences Conjugales Info (3919) :Ce numéro national d'écoute et d'orientation est dédié aux victimes de violences conjugales. Il est gratuit et anonyme.
3. SAMU (15) :Pour une intervention médicale d'urgence.
- Associations et Organismes de Soutien :
1. Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) :La FNSF regroupe des associations dédiées à l'accueil, l'accompagnement et l'hébergement des femmes victimes de violences. [Site Web de la FNSF](https://www.solidaritefemmes.org/)
2. Violences sexistes au travail - CFCV :Centre d'information, de prévention et d'accompagnement des salariés victimes de violences sexistes et sexuelles au travail. [Site Web du CFCV](https://www.cfcv.asso.fr/)
3. France Victimes : Association qui accompagne toutes les victimes de crimes et délits, y compris les violences conjugales. [Site Web de France Victimes](https://www.france-victimes.fr/)
4. SOS Femmes Solidarité : Association de lutte contre les violences faites aux femmes proposant écoute, hébergement et accompagnement. [Site Web de SOS Femmes Solidarité](http://www.sosfemmes.com/)
5. Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF)
- Applications Mobiles :
1. "App-Elles" : Une application mobile permettant d'alerter discrètement des proches ou services d'urgence en cas de danger. [Site Web d'App-Elles](https://app-elles.fr/)
2. "Staying Alive" :Cette application propose une fonction d'alerte avec géolocalisation qui peut être utile en cas d'urgence. [Site Web de Staying Alive](https://www.stayingalive.org/)
- Sites d'Information et de Sensibilisation :
1. "Arrêtons les Violences" :Un site gouvernemental fournissant des informations sur les violences conjugales, les droits des victimes et les moyens d'action. [Site Web "Arrêtons les Violences"](https://www.arretonslesviolences.gouv.fr/)
2. "Violences sexistes et sexuelles au travail" : Un site d'information et d'aide aux victimes de violences au travail. [Site Web du Ministère du Travail](https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/egalite-professionnelle-discrimination-et-harcelement/egalite-professionnelle-femmes-hommes/article/violences-sexistes-et-sexuelles-au-travail)
Ces ressources offrent un soutien précieux aux femmes victimes de violences. En cas de besoin, n'hésite pas à contacter l'une de ces organisations pour obtenir de l'aide et des conseils adaptés à ta situation.
Si tu te trouves dans une situation d'urgence suite à des violences conjugales, tu as la possibilité de solliciter un logement temporaire afin de prendre le temps de te réorganiser avant de trouver un nouvel hébergement plus permanent.
En cas de besoin d'évacuation immédiate de ton domicile en raison de violences conjugales, tu peux contacter le Samu social pour obtenir une assistance et un soutien appropriés.
En tant que victime de violences conjugales, tu pourrais être éligible à une aide financière d'urgence, sous réserve de certaines conditions. Cette aide peut prendre la forme d'une assistance financière non remboursable ou d'un prêt sans intérêt remboursable, en fonction de tes ressources. Elle est généralement versée par des organismes tels que la Caisse d'Allocations Familiales (CAF) ou la Caisse de la Mutualité Sociale Agricole (MSA).
En tant que professionnel de la santé, notamment en tant que sage-femme, il est crucial d'aborder la question des violences lors des consultations initiales. Une manière appropriée de poser la question serait de demander à la patiente si elle a été confrontée à des violences verbales, sexuelles, physiques, financières ou psychologiques de la part de son conjoint, de son entourage, au travail ou ailleurs, tout au long de sa vie jusqu'à présent. Il est essentiel de poser cette question car de nombreuses femmes victimes de violences sont soulagées lorsqu'on leur en parle ouvertement, et elles se sentent encouragées à briser le silence. En tant que professionnels de santé, nous pouvons jouer un rôle crucial en tant que porte d'entrée vers la sortie de ce cycle de violence. Je recommande vivement à tous les professionnels de santé d'intégrer cette question dans leurs entretiens avec leurs patientes.
Pour compléter ces informations, je t'encourage, ainsi que tes ami(e)s, à partager en commentaire vos réflexions et les moyens efficaces pour venir en aide aux victimes que je n'aurais pas mentionnés précédemment.